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Toumo, le yoga du froid
9 décembre 2009

Toumo, le yoga du froid

On entend parler du toumo pour la première fois dans le livre de la grande exploratrice Alexandra David-Neel, Mystiques et magiciens du Tibet. Ecoutons ce qu'elle en dit : « Passer l'hiver dans une caverne située, souvent, entre 4000 et 5000 mètres d'altitude, vêtu d'une robe mince ou même nu et ne pas périr gelé, est un problème compliqué.

Nombre d'ermites tibétains l'ont pourtant résolu, et leur endurance est attribuée au fait qu'ils possèdent le moyen de stimuler la chaleur interne appelée toumo. Le mot toumo signifie chaleur, mais il n'est pas employé dans le langage courant pour désigner la chaleur ordinaire. C'est un terme technique du vocabulaire mystique, et les effets de la chaleur mystérieuse dénommée ainsi ne sont pas confinés à échauffer le corps des ascètes capables de l'engendrer. »

Le Tibet a toujours été, pour nous occidentaux, un pays magique qui draine son chapelet de mystères, comme la légende du Yéti, les histoires de moines qui l'évitent, « Tintin au Tibet » est à ce sujet très révélateur, alors, pourquoi pas des ermites dotés de pouvoirs qui leur permettent de résister au froid ?

Pourtant, notre regard change, lorsqu'on découvre que le toumo a ses adeptes en France et qu'il ne s'agit pas de lamas doués de pouvoirs surnaturels, mais simplement de gens passionnés par ce yoga très particulier.

On peut comprendre que les tibétains aient été poussés par la nécessité de s'adapter aux rigueurs de leur climat, mais qu'est-ce qui peut pousser des gens « normaux » à entrer dans l'eau glacée ou sous des cascades par des – 15°?

Pour le comprendre, il est intéressant de remonter jusqu'en 1847 et de se pencher sur l'histoire de quelqu'un qui n'a rien à voir avec le Tibet. L'abbé Kneipp a 26 ans et souffre d'une tuberculose qu'on juge incurable. Un jour, il découvre une publication du docteur Hahn : « De la force et des effets de l'eau fraîche sur le corps humain » et décide de tenter l'expérience. Au programme, course à pied deux fois par semaine sur les bords du Danube et bains glacés dans une eau à 5° C. L'abbé Kneipp est guéri en quelques mois et commence à soigner son entourage à l'aide de sa méthode, s'attirant les foudres des autorités ecclésiastiques, qui l'accusent de charlatanisme et l'envoient se faire oublier au monastère des dominicains de Bad Wörishofen.

Pour empirique qu'elle soit, la méthode de l'abbé Kneipp est aujourd'hui largement reprise dans les thermes où les bienfaits de l'hydrothérapie ne sont plus à démontrer. Joachim Bohm Rammel, ostéopathe, nous explique que « le contraste chaud-froid dilate et contracte les vaisseaux sanguins, ce qui réactive le système neurovégétatif, mais aussi le système hormonal et immunitaire ».

On peut faire le même constat au Japon, où certaines écoles maternelles se distinguent en habituant les enfants à ne porter durant la journée, qu'un simple short, et ce, quel que soit le temps ou la saison. Certains parents sont prêts à parcourir des kilomètres pour que leur enfant soit éduqué dans une de ces écoles. Et les statistiques sont formelles. Le taux d'absentéisme est nettement moins élevé que dans les écoles maternelles « classiques » et les parents qui sont eux-mêmes passés par ce régime spartiate, confirment être très rarement malades.

Ces exemples amènent plusieurs réflexions.

D'abord, les artifices qui nous entourent, chauffage l'hiver, climatisation l'été, nous ont fait oublier la capacité de thermorégulation de notre corps.

Ensuite, cette inadaptation est le fruit d'une éducation. Les parents qui projettent leurs angoisses sur leurs enfants et leur font des recommandations du type « attention, tu vas prendre froid ! », ne font que renforcer chez eux l'idée de leur incapacité à s'adapter aux changements de température.

Loin de nous l'idée de prétendre qu'il faut laisser nos enfants faire n'importe quoi, mais il ressort clairement de l'expérience des écoles maternelles au Japon, que l'attitude non alarmiste des parents et des enseignants, est fondamentale et permet à l'enfant de renouer avec des réflexes d'adaptation que l'on pensait perdus.

Il est probable que plus l'expérience a lieu tôt, plus elle est rendue facile par l'absence de préjugés qui caractérise l'enfant.

En revanche, l'adulte qui aborde une discipline comme le toumo doit être déterminé à dépasser ses peurs les plus profondes, et surtout préparé par un instructeur compétent. Le toumo est une expérience formidable. Je n'ai jamais eu la sensation d'être plus en vie, que ces fois où je me suis trouvé dans un torrent glacé ou sous une cascade, alors que la nature se déchaînait. On en sort avec une formidable énergie. C'est une douche pour le corps et pour l'esprit. Seulement, on ne s'improvise pas yogi du froid. Une exposition au froid prolongée lorsque l'organisme n'a pas été préparé par les techniques posturales et respiratoires mises au point par des générations de yogis et destinées à stimuler la circulation sanguine, peut tout simplement déboucher sur une catastrophe.


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